Les rentrées d'hiver

Dans l’ombre de la lumière de Claude Pujade-Renaud

Afficher l'image d'origineJ’ai lu ce titre quand il est sorti, en 2013 donc et j’en avais gardé un souvenir très très vague… Et puis je l’ai choisi pour le club de lecture de janvier. Je déteste lire les livres deux fois (bah oui c’est une grosse perte de temps !!) mais ce titre convient très bien à notre petit groupe.

Carthage, fin des années 300, Elissa vit avec sa sœur et son beau-frère. Elle entend parler de l’Évêque d’Hippo Regius qui vient prêcher à la fin de cet été caniculaire. Il est bel homme paraît-il et quelle éloquence !! Il est donc revenu, lui, l’homme qu’elle a tant aimé, le père de son fils, l’homme qui parlait si bien, aimé de beaucoup et surtout de sa mère, le manichéen en proie aux doutes, l’homme qui l’a surtout répudiée pendant sa conversion au christianisme, celui qui lui a arraché son fils. Cet homme qui a gâché sa vie, réapparaît. Comment oublier alors que tous parlent de lui ? Que tout dans la Carthage de leur rencontre lui renvoie des souvenirs douloureux ? Elle réapprend à le connaître par ses écrits qu’on lui lit, il a changé… un peu. Comment son dieu a pu l’arracher à elle et changer sa vie aussi profondément ? Cet homme est Augustinus, plus connu aujourd’hui sous le nom de Saint Augustin.

« Parfois je ne sais plus si je t’aime. Ou si je m’aime moi t’aimant. » Claude Pujade-Renaud

Bon je ne vais pas vous faire l’étude que j’ai prévu pour le petit groupe de lecteurs 😉 J’ai beaucoup aimé redécouvrir cet ouvrage. J’ai grandi depuis ma première lecture et je l’ai ressenti lors de cette redécouverte, j’ai compris beaucoup plus de choses et Elissa m’a touchée. Claude Pujade-Renaud se joue des codes et des convenances en matière de forme. Elle alterne entre passé, présent, rêves, souvenirs, entre il et tu, chapitres courts et longs. Elle semble oublier la ponctuation quand elle n’a pas le temps, l’idée va s’envoler si elle ne l’écrit pas tout de suite. Cette précipitation m’a portée, Elissa est à la fin de sa vie, elle doit nous raconter son histoire, vite ! 

L’auteur démonte une grande figure de la religion chrétienne, Saint Augustin est un Père de l’Eglise, il a du être ardu de « s’attaquer » à ce mythe. Le point de vue de cette femme blessée est originale mais dangereux. On découvre la violence de cette époque, des coutumes, les premières guerres de religions qui rappellent bien sûr nos préoccupations contemporaines. Cesseront-elles un jour ? Claude Pujade-Renaud utilise les mots, le regard et la force d’une femme pour montrer qui est vraiment Saint Augustin : un homme tout simplement. Un homme rongé par ses questions et ses démons. L’auteur joue avec la sensualité, la sexualité accentuées par la chaleur méditerranéenne, ce roman teinté d’érotisme est lumineux et puissant. 

Je m’en vais essayer de lire Les Confessions de Saint Augustin 😉

« On devine l’homme derrière le penseur, l’homme vibrant d’amour. » Claude Pujade-Renaud

Babel, avril 2014, 8,70€.

 

 

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